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Dans la tête de la "nounou" (par Claire Berthelemy)

Nounou

Un peu d’histoire … Je suis nounou. Depuis mes 14 ans où en mal d’argent de poche, des expatriés m’ont donné à garder un charmant petit bout de 6 mois. Puis d’autres enfants d’expatriés, un frère et une sœur en primaire. Ensuite deux petits diables, ingérables à deux mais tellement mignons quand ils jouaient séparés ! Et enfin la petite dernière. A chaque fois, je suis restée plus de 2 ans. Sans compter les petites gardes pour les voisins. J’avoue avoir plus de mal : assoir sa confiance et une complicité durable, ça demande du temps.

Maintenant les modes de recrutement : bouche-à-oreille, internet, annonce chez la boulangère, etc. J’ai essayé tous les trucs mais c’est internet qui a le mieux marché. Prendre le temps de lire et relire l’annonce, traquer la moindre faute d’orthographe, soigner ma photo, relire encore une fois et puis me morfondre parce que je n’avais pas de réponse dans la minute. Il a fallu me « vendre », soyons lucide, je ne joue pas à la Barbie uniquement pour le plaisir, mais aussi pour payer mon loyer …

Passée l’attente du coup de fil, arrive l’angoisse du « est-ce que je vais plaire aux parents ? ». J’arrivais décontractée mais pas trop : jean-converses c’est tout de suite plus adéquat que les talons aiguilles. Après tout c’est comme un entretien d’embauche il faut s’adapter, à la seule différence qu’on me confie ce qui compte le plus au monde pour vous. Honnêteté, naturel, simplicité et un « soupçon » de fermeté dans mes tarifs.

Ah les tarifs… Parce que figurez-vous que j’ai eu tous les cas de figures ou presque : « tiens, on t’a laissé 300 francs pour les 2 heures et 100 pour la pizza que tu commanderas, garde la monnaie », ou le père qui fait des comptes « tu es restée 1h35, à 7 euros de l’heure, ça fait… » et il sort sa calculatrice. J’ai été payée 20 euros pour 4 garçons turbulents, un samedi soir.

Alors dès le départ maintenant j’explique : «vous savez, vous pourrez trouver « moins cher ailleurs ». D’autant que je ne rembourse pas 10 fois la différence. Mais si vous avez besoin de moi à la dernière minute, je suis là. Je ne compte pas les heures sup’, ni la prime de risque à courir avec Bibou dans le parc, ni ne demande de prime d’ancienneté ou de salissure. A la limite un 13ème mois, et encore c’est vous qui voyez… ».

Et le pire c’est que c’est vrai : y’a besoin de rester plus longtemps, hop j’annule tout ou partie de mes activités annexes. Parce que la confiance règne et que je sais qu’ils ne peuvent faire autrement que de me confier leur fils/fils plus longtemps parce que le RER est bloqué à la station depuis 30 minutes. C’est sur que de jouer à s’arroser dans le bain c’est quand même mieux que de se farcir son voisin de train qui ronfle…

Alors bien sur, j’ai déjà décroché le téléphone au parc, je me suis fâchée pour une broutille parce que fatiguée. J’ai fumé avant, après, mais jamais pendant. J’ai déjà fait brûler les patates à réchauffer et préparé du chocolat au lait avec de l’eau parce que la recette m’était inconnue. J’ai aussi oublié les clés, m’obligeant à laisser la petite à la garderie de la crèche le temps de faire demi-tour. Je me suis permis de mettre les garçons devant un DVD pour cause de migraine.

Et en contrepartie, j’ai offert des surprises comme ça pour rien, j’ai préparé des gâteaux pour le gouter, je suis restée, et reste encore, plus tard « parce qu’on a pas fini l’histoire, euh » allongée sur un tapis, j’ai accepté de dormir assise près d’un tout petit lit pour protéger des monstres du sommeil, j’ai négocié âprement « seulement 2 épisodes de Bob l’éponge et après je coupe ». Je tremble à chaque seconde pendant laquelle ma protégée disparait de mon champ de vision dans le parc (et d’ailleurs, soyez avertis, le premier qui l’approche, je lui saute dessus en hurlant !). Et tant de choses encore.

10 ans de jeux, de pleurs, et de rires, d’attachement, de colères, de complicité. Pour rien au monde je n’irai bosser chez MacDo… Vous vous demandez peut-être où je veux en venir. Là, pas loin, tout est question de confiance au premier abord. Et de courage assaisonné de patience. Vous avez trouvé votre perle ? Conservez-là bien au chaud !

Commentaires

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nora

sympa de voir la vision "de l'autre coté"! j'ai fait pas mal de baby sitting étant ado mais j'avoue que maintenant à part des enfants de la famille ou d'amis je n'aurais pas le courage de garder d'autres bambins...

Pascale

Idem que Nora, je ne tiens pas trop à faire la nounou, avec mes deux garçons j'ai déjà bien à faire !!!
Par contre je rends service si besoin avec grand plaisir, surtout si c'est de petite fille car ça me manque un peu de jouer à la poupée ! C'est tellement mignon de les coiffer, les habiller girly ....

Je te trouve vraiment GENIALE dans ton job Claire. J'espère que les gens apprécient!

Gab'

super article

Claire

Merci ;)
oui je pense que les parents apprécient puisqu'ils font la tête si je ne peux plus garder leurs enfants pour cause d'emploi du temps à la fac ^^.

Ceci-dit, les gamins me le rendent bien, ça explique beaucoup de choses aussi.

KatDeLuna

c'est super bien écrit bravo Claire au plaisir de te relire

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