Du sexisme et des jouets
Revue de web sur la Semaine pour l'emploi des handicapées

Comment je suis devenue SDF

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Quel est le point commun entre une ancienne mère au foyer de banlieue résidentielle et une artiste peintre de renommée mondiale ? elles sont toutes les deux sans domicile fixe. Maman travaille  leur a demandé ce qui les avaient amenées là.

Eva a seulement 30 ans, mais elle en paraît au moins dix de plus. Et pour cause. Cette mère de deux enfants vit dans la rue depuis près d’un an. Mère célibataire, elle a eu son premier fils à l’âge de 15 ans et n’a jamais achevé ses études. Le père n’a pas souhaité reconnaître le garçon et, quelques années après, Eva refait sa vie avec le gérant d’un magasin et devient femme au foyer, en attendant la naissance de son second fils. La vie est douce pour elle, mère au foyer sans problème financier, dans une grande maison des Yvelines. Jusqu'à ce que, en 2006, son compagnon et elle se séparent brutalement: celui-ci lui annonce qu'il va vivre, dans leur maison, avec sa maitresse.

Sans emploi, sans formation, sans domicile, elle peine à trouver un logement et vit dans un premier temps chez des amis. Ses parents ont coupé les ponts avec elle depuis sa première grossesse, elle n’a pas de frère ou de sœur, et sa vie de femme au foyer fait que, bien que vivant en région parisienne, elle n’a aucun réseau de connaissance. Le juge confie la garde de ses deux garçons à leur père et beau-père, qui dispose, lui, d'un logement et d'un emploi, ce qui la prive non seulement de ses enfants, mais aussi des maigres allocations ou pensions auxquelles elle aurait pu prétendre.

« Ma première nuit dehors, c’était dans le hall d’un immeuble. J’ai su que j’avais franchi un cap ». Depuis, elle ère, de foyer en pont, de hall en halles, d’entrée de magasin à des voitures qu’elle force pour dormir au chaud. Elle essaye de fuir la violence des autres SDF mais n’a pas toujours pu y échapper. « Il y a trois mois, j’ai été violée. » dit-elle, sans rage ni violence, avec fatalisme. « Parce qu’on est dans la rue, on perd ses droits. Et les flics s’en foutent. Alors c'est comme ça. » Eva n’a pas revu ses enfants depuis presque deux ans « je n’ai pas de téléphone, certainement pas d’internet, pas de lieu où les recevoir… » Farouche, après une discussion de quelques minutes pendant laquelle elle m'a livré son histoire, Eva s’en va d’un pas rapide en disant qu’elle « ne veut plus parler » et retourne à l’anonymat. Je n’ai pas le temps d’évoquer la distribution de soupes de légumes maison qui a lieu tous les dimanches à quelques pas de là.

Claude Laurent, quant à elle, n’aurait jamais imaginé se retrouver sans domicile fixe. Artiste peintre, elle a côtoyé des artistes comme Salvadore Dali ou Man Ray, enseigné en universités, travaillé aux Etats-Unis… Claude partageait jusqu'à récemment sa vie avec un homme de plus en plus difficile : dépressif, alcoolique, frôlant la folie mais refusant de prendre son traitement, il lui fait mener une vie d’enfer sur les détails de laquelle est veut rester pudique.

Un jour, pour sa santé physique et mentale, elle n’a plus d’autre choix que de quitter le domicile, y laissant ses toiles et ses affaires personnelles derrière elle. « Impossible de porter plainte, elle s’est rendue au commissariat où on lui a répondu que, ne figurant pas sur le bail de location, elle n’avait aucun recours. » explique une amie de Claude qui se démène pour essayer de trouver une solution. Elle remue ciel et terre pour trouver un petit boulot, un emploi, un toit… pour Claude.

Du parcours de ces deux femmes, je retiens deux choses. La première, personne n'est à l'abri de devenir un jour SDF, ni vous ni moi. La seconde, on retrouve un point commun dans les histoires de bien des femmes SDF: la dépendance matérielle vis à vis d'un homme, que ce soit pour ses ressources, pour sa maison, pour son nom sur le bail.

Alors une fois encore, valorisons le travail des femmes, des mères: il ne s'agit pas d'âtre anti "femmes au foyer", il ne s'agit pas non plus de promouvoir je ne sais quelle valeur conservatrice, ou le travail pour le travail, il s'agit de promouvoir le travail des femmes, des mères, pour l'indépendance qu'il apporte, pour le salaire qui permet de payer le loyer seule quand leur père s'en va, pour la sécurité de l'emploi qui permet de fuir un mari violent, pour le confort matériel qui permet de prendre ses enfants sous le bras et de déménager à sa guise si un danger se présente, pour le luxe de ne pas avoir à se coucher tous les soirs auprès d'un homme qu'on n'aime plus juste parce que sans lui, on ne pourrait pas payer la facture d'EDF.

Parce que c'est le seul moyen pour elles de ne pas voir leur sort suspendu au bon vouloir d'un autre etre humain. Combien de femmes sans revenu restent avec un homme violent, ou tout simplement un homme qu'elles n'aiment plus, parce que "c'est ça ou la rue" ?

Comme le disait une féministe très célèbre, "une femme doit travailler pour être en mesure de subvenir seule à ses besoins et à ceux de ses enfants". La conciliation vie professionnelle / vie de famille qui peut parfois avoir des airs de "problème de bourgeoise" ou de "luxe", est finalement une des petites pierres qui permettent aux femmes de gagner ou de conserver leur indépendance financière, et cette lutte est, pour Maman Travaille, primordiale.

 

 crédit photo: le blogdarouen

Commentaires

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carla

waouh c'est vrai que ça fait réfléchir... c'est triste comme situation!

Yaël

boulversant. on le sait, mais on préfère l'ignorer et ne pas voir la réalité en face. ne pas anticiper. nous les femmes sommes très fortes à croire en l'autre, en la Vie. mais...

Nous sommes le regard de Vie, le regard qui peut Donner la Vie à une situation douloureuse ou quelqu'un en souffrance.

Mais ne soyons pas aveugles sur ce qui peut nous arriver. Que ce regard soit fort, éclairé et objectif. Stop à la naïveté. Et donnons nous les moyens d'être LIBRES. De rester. de partir. d'aimer. de se protéger.

Merci pour cet article magnifique.

Cécile

Merci Marlène pour cet article, mais je voudrais aussi rajouter l'importance des rapports humains, sociaux et familiaux, que l'on laissent parfois s'étioler, se dégrader, que l'on méprisent. Alors, qu'en cas de coup dur, sur quoi peut-on le plus compter ? Un parent, un ami, une copine qui voudra bien nous dépanner.
Soignons nos amitiés, redonnons place à la générosité la plus élémentaire, restons soudés en famille, sachons revenir vers l'autre, sachons compter les uns sur les autres, n'ayons pas peur d'aller toquer à la porte de ceux qui nous sont chers, ne laissons pas creuser l'écart dans nos familles, car c'est souvent là le seul salut dans de telles situations...
Ces deux femmes ont aussi le point commun de n'avoir pas de famille, d'amis, de "réseau"... S'il n'est pas possible de compter sur la société, les institutions, un mari, il est encore possible de croire en l'humain, en les autres. C'est pour cela que nous sommes hommes, et nous l'oublions trop souvent.

Pascale

Hélàs... je ne peux pourtant pas raconter cette histoire à ma fille de douze ans dont les notes s'effondrent faute de motivation.

J'espère que les parents d'Eve liront ce papier.

cleanettte

@Pascale: ben pourquoi pas?

Ma mère était mère au foyer, elle était heureuse de cette situation et nous l'a toujours montré comme une activité riche et épanouissante. Elle nous a pourtant très tot évoqué à moi et à ma soeur l'importance des études et de se trouver un emploi stable avant de nous mettre en ménage, d'avoir des enfants et de choisir éventuellement d'arréter de travailler. Sans doute ses études et 2 petites années passées en tant qu'assistante sociale avaient du lui suffire pour lui faire comprendre toute l'importance de se garder des billes en cas de coups dur. De la même manière mes parents ont veillé les premiers temps à ce que les achats surtout les plus importants, les bails soient bien fait à mon nom et à celui de mon futur mari. Ce sont de petites précautions qui semblent futiles quand ont est amoureux malheureusement cela peut sauver la mise quand le malheur arrive.

Klervi

Merci Marlène pour cet article qui fait beaucoup réfléchir en effet ...
ça n'arrive pas qu'aux autres et même si une partie de nous le sait, on essaye de l'oublier ...
Merci de nous rappeler à l'ordre

Alex

On est jamais à l'abri des coups durs, cet article nous le rappelle bien... merci.

Marlène (Maman Travaille)

Merci à toutes pour vos commentaires !
Oui, aucune de nous n'est à l'abri. Mais comme vous l'avez dit, il faut anticiper et de pas croire que l'on vit chez les bisounours. Un travaile ne sauve pas de tout, mais un travail permet d'avoir de l'argent pour payer son logement et de tisser des liens avec des gens (collègues, patrons, clients) qui pourront être présents en cas de gros problème.
Bon courage à toutes les femmes qui passent par là.

mike

cela ne touche pas que les femmes! les hommes aussi! et meme majoritairement! regarder les sdf dans les rues et compter bien le nombres de femmes qu vous verrez....


pour ma part, je vis dans un petit studio a paris avec ma copine depuis plus d'un an! elle vient de m'annoncer qu'elle souhaiter rompre! le probleme c'est que l'appartement lui appartient ...enfin a son pere, et je ne sais pas ou allez.... je gagne trop pour avoir des aide au logement et pas assez pour louer un appartement en agence!

meme ayant un emplois, le logement et devenu un luxe! et l'egoisme des gens est tel! que rien ne change et tout empire!

les gens ne se parlent plus, les gens sont de plus en plus mefiant, pensent de suite en mal et jugent trop vite!

je viens d'avoir 31 ans et je viens de passer d'une situation stable a une vie cauchemardesque a cause d'une histoire de logement....

croyez moi, j'eprouve une haine profonde envers les politiciens, et ce pays qui est la france censé etre un pays riche ou il fait bon vivre....

foutaise! nous avons les riches d'un coté, les pauvres de l'autre et enfin les gens comme moi, qui gagne trop et pas assez pour pouvoir se loger correctement!!

vive la france!

carine

euh...au travail c'est que des relations de travail, ma chef et mes collègues font tout pour que je n'arrive pas à travailler correctement, alors en cas de coup dur ben ils seront contents je partirai enfin et une des filles prendre ma place.

Quand je dis coup dur, une grossesse en ferait partie.

La plupart des gens payent à deux leur loyer (et leurs courses etc).

Moi toute seule je peux m'assumer mais en cas de séparation je ne pourrais plus louer qu'un studio (mon conjoint idem) et on n'aurait plus les moyens d'élever le(s) enfant(s).

Avoir un travail ne garantit pas du tout d'avoir les moyens de tout plaquer, même à 2 salaires qui sait si on ne va pas devoir retourner en province chez nos parents respectifs...

Dans le pire du pire, mes beaux-parents prendraient en charge la petite.

Corinne

@ Pascal, Cleanette ... oui il faut parler aux jeunes filles de cela,... Fille de femme au foyer moi même, j'ai eu comme ordre quasi absolu d'avoir un diplôme pour avoir un travail ... pour avoir mon indépendance financière et ne pas être dépendante d'une autre personne.
Cela ne met pas totalement à l'abri (on peut tous devenir SDF, je suis d'accord, le manque de repère, l'absence de lien social joue aussi), mais cela limite les risques.

ignimbent

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