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Florence Aubenas chez les travailleuses précaires: Le Quai de Ouistreham

Florence aubenas

Après Elisabeth Badinter, Maman Travaille passe à Florence Aubenas. Dans Le Quai de Ouistreham, la journaliste et ex-otage a décidé de s'immerger dans le monde des travailleurs précaires. Teinte en blonde, cheveux tirés, lunettes sur le nez, elle se présente comme une ex-femme au foyer entretenue par un homme riche qui vient de la quitter. D'antennes Pôle Emploi en agence d'intérim, d'entreprises de ménages en salon de recrutement, Florence Aubenas la chômeuse fait connaissance avec le monde des CDD cumulables, des missions ingrates et des salaires inférieurs au SMIC.


On a beau avoir été au chômage, on a beau savoir que cette réalité parallèle existe, on a beau étudier le monde du travail de près, ce livre est une grosse claque. En choisissant de vivre leur vie pendant plusieurs mois, Florence Aubenas nous fait partager le quotidien de ces employées. Et c'est là qu'on mesure toute l'étendu de la misère économique, sociale et pour certains, intellectuelle, engendrées par la précarité. On ne pense plus à rien d'autre qu'aux quelques euros gagnés.

Celle qui ne va pas chez le dentiste, parce qu'elle n'a pas de CMU et attend d'avoir les dents pourries pour se les faire arracher à l'hôpital... Celui qui, pour séduire les femmes, leur offre des nouilles aux rillettes et parle de son "atout": son oeil Cotorep... Celle qu'on appelle "Boule Puante"... Celle qui emprunte 3 euros à une amie pour finir le mois... Celui qui pète un plomb à Pôle Emploi...

Florence Aubenas a choisi de vivre à Caen, parce qu'elle n'y connaît personne et n'y a aucune attache. Locataire d'un petit studio meublé, elle a emprunté une voiture, "le Tracteur", presqu'un personnage à part entière. Un sésame sans lequel il lui serait impossible d'aller en "missions". Nettoyer des toilettes, des vestiaires de routiers, un ferry... Elle s'attendait à trouver une classe de prolétaires unis, à la Germinal, elle n'a trouvé que des bribes d'emploi, des bribes de luttes pour la survie, des bribes de personnes...

Un témoignage bouleversant.

Le Quai de Ouistreham, Florence Aubenas (éditions de L'Olivier)

Commentaires

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cleanettte

J'espère que ce livre sera lu par au moins quelques un de nos "responsables politiques". Qu'ils se rendent compte un peu ce que c'est "qu'être dans la merde".

Miss Nahn

Mon mari est en train de dévorer ce livre et ce qu'il m'en dit est exactement ce que tu décris.
J'ai hâte de m'y plonger à mon tour car je crois que cette claque est indispensable tant il semble être impossible de deviner ce qu'est le quotidien de ces gens.

Très beau billet.

Gaëlle

J'ai également bien envie de le lire ce livre et ton billet me le confirme !
Avais-tu lu celui d'Elsa Fayner ? (Et pourtant je me suis levée tôt) qui traite un peu du même sujet ?

Marlene (Maman Travaille)

@ cleanettte: oui c'est ce que je me suis dit en le lisant; c'est instructif pour toute personne qui prétend s'occuper de l'intérêt général
@ miss nahn: merci, oui, c'est tout à fait ça. j'espère que ça te plaira
@ gaëlle: je ne l'ai pas lu, tu l'as bien aimé ? je pense que ce livre va te plaire, toi qui t'intéresses au sujet.
j'en recommande la lecture à toutes !

carine

au début j'étais sceptique, une journaliste qui prétend s'immerger parmi "les pauvres" et en plus pour en sortir un livre pour le vendre...

Et en fait c'est bien, une claque je ne sais pas, on va dire que je connais déjà cette atmosphère- une fois j'ai eu dépassement de découvert non autorisé pour 5 €- des piles pour mon walkman et des tampons- car le maigre salaire que j'attendais n'est passé que le 1er et je ne pouvais pas attendre pour les achats.

Mais si ça peut faire découvrir à d'autres personnes éloignées de ces contingences matérielles ce qu'est la pauvreté, et si ça peut faire bouger les choses, tant mieux.

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