Les jeunes parents sont-ils des privilégiés, dans le monde du travail ? A titre personnel, je pense évidemment que non. Toutefois, force est de constater que cette idée est très présente dans certaines entreprises, comme en témoigne Christelle, graphiste de 33 ans, rencontrée la semaine dernière:

"C'est invivable, quand tu n'as pas d'enfant, tu as l'impression de passer après tout le monde. Par exemple, les mères de mon agence ont négocié la possibilité de travailler à distance le mercredi... nous sommes donc six au bureau pendant que la douzaine de jeunes mères est tranquillement chez elle ! C'est rageant..."

La question des vacances scolaires est aussi abordée: Christelle aimerait de temps en temps partir avec sa soeur, mère de trois enfants, en vacances en famille. "N'étant pas mère, je passe après tout le monde pour les vacances scolaires..." indique la jeune graphiste, énervée. La question mérite d'être posée: Faut-il un traitement différent pour les parents et pour les non-parents ? Plus généralement, les communautés doivent-elles être reconnues au travail ? Avec des règles pour les parents, des règles pour les célibataires, des règles pour les "minorités visibles" ?

Si vous avez des amies anglaises ou que vous regardez les séries américaines, vous connaissez le principe de la baby shower (littéralement: "On arrose le bébé") Cette fête est organisée par les amies de la future maman, ou par la future maman elle-même, pour célébrer sa grossesse et son enfant à venir.

Au cours d'une baby shower, on peut organiser des jeux comme "How big is Mom ?" (il faut deviner son tour de taille, très flatteur !) des dégustations de petits pots à l'aveugle ou des concours de changement de couches (oui, on sait s'amuser dans une baby shower...)

Mais au-delà des activités, la baby-shower est surtout un moment convivial, de partage, où la future maman est entourée et rassurée par ses amies ("Mais nooon ça fait pas mal d'accoucher, tu verras...") qui l'encouragent, lui remontent le moral et lui disent combien elle va être une super maman. Certaines traditions veulent même qu'après la baby shower, on fait un grand ménage dans la maison de la future maman pour lui permettre de lever le pied...

6h30: Ah, le bébé crie encore... si j'attends deux minutes, Chéri va peut-être se lever pour lui faire son biberon ?

6h32: Pourquoi il se lève pas ?

6h33: "Chéri... il pleure... tu peux aller lui faire son biberon ? HO je te parle !?"

6h37: Ah quand même, il se lève...

6h40: De toute façon, je suis large, je peux me rendormir une heure ou deux là. Je n'ai qu'à fermer les yeux et... "Comment ? Où on range le lait en poudre ? Ben, cherche ! Si tu faisais les courses tu le saurais" Non mais, on va pas se laisser bouffer non plus ? Comme dit ma copine Emma, les hommes c'est comme les enfants, il faut leur montrer qui est le chef.

Être mère, on râle, on râle, mais c'est aussi se contenter de petites joies toutes simples dont on n'aurait jamais pu penser, un an auparavant, qu'elles nous combleraient de bonheur ou nous ferait monter les larmes aux yeux... Panorama.

1- Vous avez pu poser votre journée pour accompagner la "sortie scolaire" de la classe de votre enfant. En cochant la case "accompagnera" dans le cahier de correspondance, vous avez eu un peu l'impression de cocher la case "aura un cavalier" d'un bal de promo. Fierté. Joie. Impatience.

2- Vous recevez un texto de la nourrice disant: "C'est bon, votre fils Cloclo a eu des selles normales - vertes mais tirant sur le foncé, et dures". Et là, vous avez été soulagée. Vous avez dit à tous vos collègues: "Génial, les selles de Cloclo sont dures !" sans même vous rendre compte que c'était très légèrement inconvenant (surtout pour votre collègue qui buvait un café; et pour celle qui ne manquera pas de vous demander "C'est quoi qu'il avait ton fils ? nan parce que je crois que je l'ai attrapé par ton intérmédiaire...")

3- Votre fille vous offre des cailloux. Vous êtes presque plus contente que quand votre mari vous a offert un diamant pour vous demander en mariage. "Un caillou, ça n'a pas de prix". Vous êtes émue et c'est beau comme une pub Mastercard.

4- Vous avez trouvé une baby-sitter: vous allez pouvoir sortir jusqu'à 23 heures ! La permission de 23 heures, en fait, vous l'aviez à 15 ans, depuis l'âge de 16 ans vous avez la permission de 3 heures du mat, et vous n'auriez jamais pensé pouvoir vous réjouir de sortir jusqu'à 23 heures - youhou ! Pour un peu que vous ne puissiez pas boire (grossesse, allaitement) que vous soyez fauchée (à 15 euros de l'heure, après la baby-sitter il ne reste plus grand chose) et que vous habitiez loin de l'endroit où vous sortez (et vous devrez donc en partir à 22 heures) la soirée ne promet pas d'être mémorable. Mais non, vous, vous êtes contente, vous dansez dans votre tête: "23 heures, 23 heures, 23 heures... qui ne saute pas ne peut pas sortir jusqu'à 23 heures ! Ouais !"