Des finances au plus mal, une Présidence d'établissement "à distance" assurée par des businessmen sans aucune compétence éducative... derrière sa façade humaniste, le collège-lycée international Le Cévenol à 12 000 € par an et par élève a tout d'un véritable centre de profit.
Depuis que la jeune Agnès a été retrouvée, violée et tuée par un "camarade" de classe du collège-lycée "international" Le Cévenol, de nombreux dysfonctionnements émergent et amènent les pouvoirs publics à s'interroger. Des parents d'élèves inquiets se posent des questions, et notamment:Pouvait-on prévoir ce qui allait arriver, et à défaut, l'éviter, avec un meilleur encadrement pédagogique ? L'intégrité physique des jeunes filles est-elle à passer en pertes et profits ? Faut-il qualifier ce crime de "féminicide" ? Un tel drame aurait-il pu se produire dans un établissement public laïc et gratuit ? Son assassinat dans des circonstances atroces est-il la conséquence de la course au profit de l'enseignement privé ?
Le personnel de direction était-il incompétent ? La question semble accusatrice et pourtant, nous avons découvert des éléments surprenants sur la façon dont le Collège-Lycée Cévenol est dirigé...
"Dans le privé, la mode est d'aller chercher des directeurs d'établissements qui ne sont pas des professionnels de l'éducation nationale" souligne la proviseur-adjointe d'un établissement public de Bourgogne. En effet, si devenir chef d'établissement d'un collège ou d'un lycée publique nécessite d'avoir obenu plusieurs concours, ("Dans mon cas, école normale, plus de vingt ans d'enseignement, puis obtention d'un concours et formation à la direction d'établissements" souligne la proviseur-adjointe interrogée) n'importe qui sans formation ou expérience du secteur peut, dans le privé, diriger un établissement.
Des amateurs ? Amateurisme, c'est le terme utilisé sur France 2 par une mère d'élève ayant retiré son enfant de l'établissement. Elle se plaint aussi de laxisme et du manque de professionnalisme du collège-lycée Cévenol... nous avons voulu creuser.
Dans le cas du collège-lycée Cévenol, le directeur Philippe Bauwens ne présente pas, contrairement à l'usage, sa biographie ou son parcours professionnel. L'organigramme de l'établissement propose de contacter divers responsables (tennis-études, secrétariat...) mais l'équipe de direction semble être réduite à son strict minimum.Si c'est bien Philippe Bauwens qui dirige au quotidien, il est soumis à une Présidence qui, elle, n'exerce pas sur place. D'ailleurs, exerce-t-elle ?
Claude Le Vu, le Président, semble avoir plus un profil d'homme d'affaires que de spécialiste de la pédagogie: dans une récente allocution aux élèves de l'établissement, il parlait de "pérennité" des comptes, de Conseil d'Administration, de ses envies de développement... "Un discours complètement décalé et incongru pour un chef d'établissement public !" lance la proviseur-adjointe interrogée. "Projet d'établissement, pédagogie, équipe éducative, règlement intérieur: voilà ce qui devrait conduire son action. Pas son bilan comptable. A un moment, il va falloir arrêter de permettre au tout-venant d'ouvrir des collèges ou des lycées..." (Le Cévenol avait été ouvert dans les années 30 par deux pasteurs.)
En effet, ce diplômé de l'ESSEC se présente lui-même sur ses différentes biographies comme "directeur d'un centre de profit" et ne mentionne ses fonctions de Président de l'établissement qu'accessoirement, comme "activité associative", en marge de ses "vraies" activités professionnelles, conjuguées à de l'enseignement à l'ESSEC et à une fonction d'administrateur d'association de dririgeants. On comprend qu'il ait pu manquer de temps, même avec toute la bonne volonté du monde, pour consulter les fiches d'inscriptions...