Maman d'un petit garçon et d'un nourrisson, la journaliste Nadia-Henni Moulaï (qui était parmi les toutes premières femmes du réseau Maman travaille) a fondé, entre autres, Melting Book: le who's who des gens "qui font bouger les lignes en France", avec le soutien des services culturels des Etats-Unis. Elle a également travaillé sur le thème de la cohésion sociale.
Elle publie le mois prochain un livre sur un sujet passionnant, avec un regard inédit: "La Guerre d'Algérie - Portraits croisés" aux éditions Les Points sur les i. Maman travaille lui a posé quelques questions sur le sujet de son livre et sur ses secrets de conciliation. Entretien.
Maman Travaille: Tu es une jeune maman, tu travailles, tu attends un deuxième enfant... comment as-tu trouvé le temps d'écrire un livre aussi complet ?
Nadia Henni-Moulaï: Je me pose encore la question ! Sérieusement, je crois que l’envie d’écrire un premier livre l’a emporté sur les maux de la grossesse. Pour la petite histoire, j’ai appris ma grossesse quasiment au moment où j’envoyais le projet éditorial à Alain Guillo, mon éditeur. L’espace d’un instant, j’ai eu envie de tout annuler. Et puis je me suis reprise. Alors pendant 6 mois, j’ai travaillé sérieusement. Je me suis organisée des plages de travail et m’y suis tenue, à raison d’un ou deux textes par semaine. C’est vrai que le plus gros du travail a été produit au second trimestre où j’avais plutôt la forme ! La morale pour moi, c’est que la grossesse n’est pas un obstacle même si je suis consciente que ma grossesse a été relativement facile…
Le thème de la Guerre d'Algérie, c'était important pour toi personnellement ? Par rapport à ta famille, à ton histoire ?
Oui tout à fait. J’ai grandi dans la mémoire de la Guerre d’Algérie. Mon père né en 1925, arrivé en France en 48 et ma mère, gamine pendant le conflit, ont forcément inscrit une trace de cette période dans mon enfance. J’ai souvent entendu des anecdotes à ce propos dans ma famille ou dans celle de mes amis d’origine algérienne. J’ai voulu, humblement, rendre hommage à ces anonymes du conflit mais en m’inscrivant dans un devoir de mémoire. D’où le recueil de ces témoignages. Je pense que ces anciens « indigènes » ont souvent bridé leur parole frôlant parfois l’autocensure. Au final, j’ai le sentiment que peu de choses ont été dites au sujet de la guerre d’Algérie.