Le Dico des parents, de Natacha Guibert

Si vous fréquentez un minimum les blogs liés à la maternité, vous connaissez Natacha Cranemou aka Natacha Guibert. Natacha, c'est la fille à la coupe au carré qui a des pouvoirs magiques: elle voit des visages qu'elle tague "i see faces" dans n'importe quel paysage du monde; elle a rencontré Tony Parker dans son salon, à Lyon, elle sait sortir son ventre pour faire semblant d'être enceinte et elle révèle combien elle gagne en conférence Efluent Mums, parce qu'elle s'en fout et qu'elle est comme ça, Natacha: la spontanéité même.

Dico des parents

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3 vidéos américaines incontournables sur le féminisme [drôles, cool & instructives]

Les Etats-Unis ont une culture de la vidéo que nous n'avons pas, en France. Sur certains sites, le simple fait d'annoncer "vidéo" vous vaut même des pertes de clics... Peut-être aussi une question de moyens ? Nous tournons parfois des vidéos avec des moyens dérisoires et de nombreuses institutions en sont encore à se demander à quoi sert une vidéo virale pour défendre une cause...

Alors voici trois vidéos, tournées aux USA, sur le féminisme, par et ou pour des féministes; à voir absolument ! Je dirais même que le visionnage de ces vidéos, si elles étaient traduites en Français, devrait etre un préalable salutaire à toute conversation sur le sujet...

 

This is what a feminist looks like

 

Que dit cette vidéo ?

Dans cette vidéo réalisée par un lobby féministe américain, on apprend que le féminisme, c'est l'égalité hommes femmes ni plus ni moins et que non, une féministe n'est pas forcément "une" mais peut être "un" et qu'il ou elle peut ressembler à un gros balèze de 2 mètres ou à une actrice hollywoodienne sexy et fofolle.

 

Pourquoi elle serait utile en France ?

Parce qu'on nous dit encore trop souvent "ouais mais vous les féministes vous êtes pas drôles / hystériques / moches." Et qu'on aimerait bien pouvoir répondre autre chose que "et on t'emmerde."

 

 

What's "slut shaming" and why it's wrong

 

 

Que dit cette vidéo ?

Dans cette vidéo, une jeune fille de 13 ans explique ce qu'est le "slut shaming". Si vous ignorez encore ce qu'est cette pratique, le "slut shaming" est un concept défini par les féministes américaines, littéralement "honte aux salopes". Il s'agit de harceler des femmes dont on juge le comportement sexuel, les partenaires sexuels ou amoureux, réels ou supposés, inappropriés. Derrière le slut shaming, une volonté d'ordre moral et de contrôler le corps des femmes, mais aussi de valider la culture du viol, comme le dit cette jeune fille "It's OK to rape a slut because she should already be ashamed".

 

Pourquoi on en aurait besoin en France ?

Le Slutshaming, c'est aussi quand un article de journal se demande "ce qui ne va pas chez les jeunes" et s'offusque de ce que des femmes puissent avoir des rapports sexuels sur des parkings en pointant la responsabilité sur ces filles qui "ne se respectent pas" et pas du tout sur les hommes en elles, bien sûr.

 

 

Why I'm a feminist ?

 

Que dit cette vidéo ?

Une Youtubeuse explique dans cette vidéo pourquoi elle est féministe. Son débit de paroles et le fond de ses propos ne peuvent que convaincre: elle est féministe parce que les femmes et les hommes sont égaux, elle est féministe parce que ce n'est pas aux femmes de débarasser la table, elle est féministe parce que les femmes sont bien bien payées, parce que le fait d'être une fille vous vaut un mariage forcé dans certains pays et parce que la discrimination est encore légale dans de nombreux Etats des Etats Unis.

 

Pourquoi on en aurait besoin en France ?

Parce qu'il faut encoe trop souvent se justifier lorsqu'on commence une conversation par "je suis fémniste"... et parce que son intro est hilarante, avec le faux coming out "je suis féministe"... OH MON DIEU Are you a lesbien ??

 


J'aurais préféré m'appeler Dupont, de Guillemette Le Vallon de la Ménodière

J'adore cette femme. J'ai eu le plaisir de rencontrer Guillemette le Vallon de la Ménodière lors d'un déjeuner organisé par notre éditeur commun, Stock, le mois dernier. Elle m'a alors parlé de ce livre étrange et fantasque, avec Jean-Louis Fournier, son directeur de collection (j'étais là: MON DIEU JEAN LOUIS FOURNIER EST DANS LA MEME PIECE QUE MOI !!!!! mais je suis restée calme et polie, indifférente, zen, classe. "HIIIIII JE VOUS ADORE J'AI LU TOUS VOS LIVRES POUVEZ VOUS SIGNER UN AUTOGRAPHE SUR MON FRONT !!????")

Guillemette vallon de la ménodière

Bref donc, le livre de Guillemette le Vallon de la Ménodière (et dire que je me plains que mon nom de famille comporte trop de lettres quand je remplis les formulaires) C'est l'histoire d'une femme qui veut sortir de sa condition, mais à l'inverse d'Edouard Louis, qui a publié récemment ce sublime "Pour en finir avec Eddy Bellegueulle" dans lequel il vomit sa haine du milieu CSP- qui l'a vu grandir; la jeune Guillemette rêve de faire du curling alors que sa mère est une châtelaine.

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Présumée incompétente parce que "trop sexy sur Facebook"

Linkdein

 

L'ingénieure dont le profil a été supprimé parce que "trop beau pour être vrai"

 

Vous vous en souvenez peut-être: en 2013, le réseau social LinkedIn avait supprimé le profil d'une jeune femme développeuse web, parce qu'il avait jugé ses photos "trop belles pour être vraies". La développeuse y portait un haut noir à manches longues, non décolleté, les cheveux en partie attachés et un maquillage léger. Mais elle y figurait "souriante" dans une pose "suggestive" avait précisé un porte parole. En fait de pose suggestive, elle avait la tête un peu penchée et on voyait - oh mon Dieu - un bout de son épaule.

Cette suppression avait immédiatement été considérée comme sexiste, notamment par le site Les Nouvelles News, qui écrivait qu'il s'agissait là de sexisme ordinaire, quotidien, qui consiste en l'exigence que les femmes "baissent les yeux". On ne supprimerait jamais le profil d'un homme pour une raison identitque, et ce procédé remet en question la crédibilité même d'une femme ingénieure, puisqu'on ne lui a pas demandé de "changer sa photo" mais bien de "la supprimer" arguant qu'elle ne pouvait qu'être fausse.

Dernièrement, une étude menée par l'Universite de l'Oregon a révélé que les femmes "sexy sur Facebook" étaient jugées incompétentes. Un panel à qui l'on a présenté deux types de profils, un avec une femme dans une pose neutre et vêtue sobrement; et l'autre avec une femme en action, souriante, vêtue d'une robe rouge, a jugée "plus qualifiée" le profil de la femme "non sexy".

Bien sûr, on pourrait remettre en question le qualificatif "sexy", puisque ce qui sera sexy pour un ne le sera pas forcément pour l'autre. Mais plus que les résultats de cette étude, l'analyse des commentaires qui lui sont associés sont criants de sexisme eux-mêmes.

Ainsi, certains consultants RH en profitent ils pour conseiller de mettre "une photo où l'on ne sourie pas" car qui dit sourire dit temps libre, esprit libre, et donc peu de travail. Il vaudrait mieux donc, afficher une photo de soi occupé, sourcils froncés, ride du lion en avant, dossiers sous le bras, voir téléphone sur l'épaule ou kit mains libres en action afin d'envoyer le message "je suis compétente".

Conseils qui bien sûr ne s'appliquent pas à un homme, car un homme en tenue décontractée sur Facebook sera perçu comme "rigolo", "distancié", "pas prise de tête", "équilibré", "sachant faire la part des choses".

Cette étude ne vient que confirmer des pratiques qui ont malheureusement court depuis des lustres: nous pensons à Lynda Oddes, virée pour cause de "trop grosse poitrine"... ou Melissa Nelson, renvoyée parce que "trop sexy, elle devenait une menace pour mon mariage, j'étais trop tenté.." avait expliqué son patron, dentiste.

 

Laura Fernee, une chercheuse en médecine, a elle, carrément décidé d'arrêter de travailler ! "Toutes mes collègues me prenaient pour une bimbo ou pour une fainéante, alors que j'en faisais trois fois plus qu'elles" se plaint-elle. 

D'ailleurs, même moi qui ne suis pas spécialement belle, on m'a déjà dit dans un shooting "pas trop sexy, c'est pour des mères de familles !" comme si les mères allaient forcément présumer de l'intérêt ou du désintérêt à porter à une autre femme selon son attidude physique !

Souvenez-vous encore de l'affaire Debrahlee Lorenzana. Cette banquière avait purement et simplement été renvoyée parce que "trop sexy": on considérait qu'elle déconcentrait ses collègues !

Ce qui est méprisant à double titre: pour elle évidemment, mais aussi pour ses collègues masculins qui sont donc présumés être d'horribles bêtes d'hormones incapables de travailler si une femme avec deux jambes se trouve dans la même pièce qu'eux, ce qui vous en conviendrez, n'est pas non plus très flatteur pour ces messieurs...

 

Debrahlee lorenzana

 

Debrahlee Lorenzana, la banquière renvoyée pour "être trop sexy"

 

A aucun moment, on ne lui reproche un COMPORTEMENT. On lui reproche un ETAT. Ou même pire, on lui reproche ce que ce que l'appréciation de ce qu'elle est ("Je vous trouve sexy") cause sur d'autres personnes ("Je vous trouve sexy et je pense que les autres aussi vous trouvent sexy, et que ça les perturbe".) 

Finalement, derrière le "sexy" il y a donc le "une femme". Car on tolérerait Lorenzana et les autres au travail si elles étaient vêtues en hommes. C'est donc le signe ostentatoire de féminité qui dérange.

Être sexy.

Avoir des enfants.

Tout ce qui montre, tout ce qui ne cache pas le genre féminin.

 

A l'inverse bien sûr, une femme vêtue d'un costume cravate serait jugée "travestie"; et une femme aux cheveux courts "trop masculine", on évite le débat sur une femme en voile ? Bref, finalement, derrière le problème "femme trop sexy" il y a le problème "femme". J'ai eu beau chercher, je n'ai trouvé aucun cas de jurisprudence faisant mention d'un homme "trop beau" ou "trop sexy" pour travailler.

Il faudrait, pour travailler, réussir à faire oublier que l'on est une femme ?