Christine Delphy a théorisé le concept de "l'égalité déjà là" comme une idéologie selon laquelle c'est bon ça va quoi, les femmes elles ont accès au pouvoir alors pourquoi elles nous emmerdent encore ? (je résume).

Illustration Copyright Camilla Gallapia

Cette idée nuisible a court y compris chez les personnes qui se réclament égalitaires et solidaires; c'est très facile à mettre en oeuvre. On trouve quelques exemples: La Reine d'Angleterre; le voisin qui fait les courses et a pris un congé parental pour garder ses enfants; et la cousine Machine mieux payée que son mec. Pour peu que la personne qui théorise l'égalité déjà là se soit déjà fait "voler" un travail par une femme (c'est la faute à la parité ma bonne dame) on atteint là un super combo.

Pourtant, non, l'égalité n'est toujours pas là. Des chiffres ? Des chiffres !

Plus de 200 lycéennes ont été enlevées par une secte au Nigéria, Boko Haram. La secte a d'ailleurs revendiqué ces enlèvements dont des témoignages précis arrivent suite au départ de quelques-unes d'entre elles, qui ont réussi miraculeusement à s'échapper. Le sort qui leur est réservé ? Être vendues sur des marchés aux esclaves. Être mariées des force; être violentées. 

Le but de Boko Haram serait de protester et à terme de mettre fin à l'éducation dite "à l'Occidentale" des filles. En enlevant en masse des lycéennes, la secte pense 1/ les soustraire et cette éducation et 2/ effrayer les autres jeunes filles afin qu'elles restent chez elles et cessent d'aller au lycée.

Ecole du PAJE Always UNESCO Sénégal Crédit photo Maman travaille

Cette question de "l'éducation ou la vie" n'est malheureusement pas propre au NIgéria. J'avais été frappée au Sénégal lors de la visite des établissements du PAJEF avec l'UNESCO d'apprendre que des parents déscolarisaient leurs filles de crainte qu'elles ne soient violées sur le chemin de l'école.

On parle désormais d'un "droit à naitre" des filles (lire à ce sujet Quand les femmes auront disparu - l'élimination des filles en Inde et en Asie, de Bénédicte Manier, La Découverte, 2008, dont je parle beaucoup dans mon livre Eloge de l'enfant roi). On pourrait aussi parler d'un "droit à l'éducation" spécifique aux filles, tant il pose problème aux obscurantistes et tant ce droit semble fragile.

Sénégal - Transports en commun à Thiarroye - Crédit photo Maman travaille

A l'initiative de ma camarade Assia Benziane, adjointe au Maire de Fontenay sous Bois à l'égalité, j'ai participé à la chaîne de photos "Bring our girls back". L'idée étant de mettre la pression sur les médias et les pouvoirs publics pour qu'ils agissent, délivrent ces 200 lycéennes et s'emparent de la question de l'éducation des filles partout dans le monde.

Au Sénégal, on dit "Quand on éduque une fille, on éduque un village". Il en va de l'intérêt indiviuel et collectif, de l'idéologie comme du pragmatisme. Ramenez nos filles !

On avait le "président normal", on a désormais la "mère normale" grâce au philosophie du courant Kinder, le célèbre Alain Finkielkraut.

Alors que Winnicott (après Mélanie Klein) a passé des années à théoriser le concept de "mère suffisamment bonne" (lire à ce sujet La Mère suffisament bonne, tout simplement) Alain Finkielkraut a récement fustigé les mauvaises mères qui travaillent, dans une interview au journal Acteurs de l'économie.

A chaque fois qu'on m'a demandé quelle était la clé du "succès" de Maman travaille, dans le sens de "pourquoi des femmes que vous ne connaissez pas prennent la peine de vous lire, de vous écouter et parfois même de vous parler", j'ai toujours pensé qu'il y avait une seule clé: la sincérité.

C'est-à-dire que jamais je ne me suis érigée en modèle, même si bien sûr quelques médias ont pu être tentés de me donner ce rôle. Je me suis toujours envisagée comme une passeuse de plats, une médiatrice, quelqu'un qui faisait le lien entre plusieurs univers, l'entreprise, la politique, les médias, les mères...

J'ai toujours écrit des articles de blogs sur des sujets qui me concernaient ou concernaient mes proches, en essayant non pas de rechercher la vérité absolue, mais a minima de ne jamais mentir. Le blog Maman travaille existe depuis plus de 6 ans maintenant, 6 ans à écrire chaque jour que Dieu fait un nouvel article sur le sujet de l'égalité hommes/femmes ou de la conciliation vie professionnelle / vie familiale, ça peut être long. Ca fait des milliers d'articles.

Jamais jusqu'à il y a quelques mois, jamais je n'ai été en panne d'inspiration. Au contraire. Je me suis souvent brimée pour éviter de poster 3 articles par jour et 15 posts Facebook, en plus des livres Maman travaille, des conférences, des articles...

Jamais jusqu'à il y a quelques mois. Je ne sais pas si c'est du à mon déménagement de Paris à la "province", au fait que ma vie personnelle connaisse des changements, à la campagne pour les élections municipales, au fait que j'ai le sentiment de mettre mes enfants de côté au profi de cette campagne et que, donc, je ne me sente pas légitime pour écrire sur le sujet l'espace d'une parenthèse; ou tout simplement au fait que je n'ai vécu que pour et par cette campagne pendant quelques mois; me retrouvant face à un dilemme: je me suis fixé pour règle absolue de ne pas faire du blog Maman travaille une tribune politique pour les élections; hors quand votre vie n'est faite quasi que de ça ou a minima, que vous ne pensez presque qu'à ça, c'est difficile de trouver du temps de cerveau disponible pour parler d'autre chose.

Et comme je l'ai dit plus haut, je refuse d'écrire à la chaîne des articles désincarnés.

La campagne est terminée; la liste sur laquelle j'étais a été élue et me voici désormais adjointe au Maire du Mans, déléguée à l'égalité.

Je me retrouve dans une situation totalement différente par rapport à celle d'il y a encore 6 mois. Il y a 6 mois, j'étais Parisienne, je venais de lancer une nouvelle entreprise, j'avais une routine familiale professionnelle et amicale dans mon apart' entre les expos à Beaubourg,la crèche pénible de la petite, l'école géniale de la grande, le conservatoire, les dèj place Stravinsky, les réunions Maman travaille, les sorties et le reste. Arpenter Paris d'éditeur en client, de conférence en réunion, de pique-nique avec les enfants en Paris by nigth avec les amis, du hammam dans le 19è aux consultations avec les élus.

Peut-être que j'ai senti le besoin de me taire sur ce blog le temps de mettre en place une nouvelle routine.

Je n'ai pas chômé.

Je ne vous ai pas parlé, mais j'ai pensé à vous.

Je suis de retour.

Dès lundi, retrouvons-nous sur ce blog pour poursuivre la discussion initiée ensemble il y a 6 ans !

Je vous laisse avec quelques cartes postales de ce à quoi j'ai occupé mon temps, en vous demandant pardon pour mon silence, je suis de nouveau joignable à mamantravaille at yahoo point fr et m'en vais de ce pas plancher sur l'organisation des prochains événements Maman travaille !

Dans le désordre le plus total:

La Poule Le Mans, emblème de la campagne

Journée à l'Arche de la nature, promenade en vélo: pas le moment le plus pénible de la campagne, quoi

Les "verbatim" demandés à chaque participant à Le Mans pour toutes, pour créer un mur couvert de ce que les colistiers et ères veulent faire pour plus d'égalité hommes/femmes au Mans

L'Adjointe au Maire à la jeunesse, Elen Debost, à l'inauguration des Quinconces

Je dresse des listes de bonne pratiques égalitaires pour mes clients

Tournage de We Are Happy from Le Mans - Samy sur les marches de la Mairie

Interview avec LMTV le soir du premier Conseil Municipal - DR KLC

Le livre "Les 200 astuces de Maman travaille" vient d'être réimprimé !

Dédicace de mon nouveau livre "Le Guide de grossesse de Maman travaille" à la FNAC

Des matinales en direct par réveillée et pas maquillée. Un sacerdoce, on vous dit. DR France Bleu Maine

Un Bureau municipal (discussions pour préparer les Conseils Municipaux)

Je corrige au feutre, dans le train, le manuscrit "Plafond de mère" à paraître chez une maison d'édition universitaire prochainement.

Passage par le forum ELLE Active au Conseil économique social et environnemental

Isabelle Sévère, la 1ère adjointe au Maire en charge de l'enfance

Le soir du 2ème tour avec le Maire Jean-Claude Boulard et l'adjointe au Maire à la culture Agnès Besnard

Alexandre Dimeck-Ghione président d'Homogène, organisateur de la Culture Pride au Mans

Ah, j'ai dédicacé au Salon du Livre, aussi

Le Mans pour Toutes - journée consacrée aux femmes de la ville, que nous avons organisée pendant la campagne

Avec l'association Femmes solidaires

France 3 (merci à Carla pour la capture d'écran)

A lundi :)